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Une si longue lettre Roman de Mariama Bâ



Les classiques, disais-je donc, ont comme principaux points communs celui de l’intemporalité, mais aussi celui de nous donner le sentiment d’une prescience que l’auteur aurait eu. Une sorte de magie. De sorcellerie. Dès les premières lignes de "Une si longue lettre", de l’immense Mariama Ba, nous savons que ce livre entre, aussi aisément qu’un chameau dans le chas d’une aiguille, dans la catégorie de monuments littéraires. La regretée Mariama Ba n'a écrit que deux livres dont le magnifique "Un chant écarlate" et ce "Une si longue lettre", dans les deux cas... quel talent !

« Ton existence dans ma vie n’est point un hasard. Nos grands-mères dont les concessions étaient séparées par une tapade échangeaient journellement des messages. Nos mères se disputaient la garde de nos oncles et tantes. Nous, nous avons usé nos pagnes et sandales sur le même chemin caillouteux de l'école coranique. Nous avons enfoui, dans les mêmes trous, nos dents de lait, en implorant la Fée-souris de nous les restituer plus belles. »
Ramatoulaye vient de perdre son mari. Modou est mort loin de sa femme, sa première femme, celle choisi par amour, en faisant fi d’une famille qui ne veut pas rentrer dans la modernité, une famille qui voit ce mariage entre deux personnes de clans différents comme une insulte aux traditions.
Rama écrit sa si longue lettre à Aïssatou, son amie de cœur. Celle dont le destin a semblé suivre, pendant longtemps, un chemin similaire. Mariage d’amour, pour les deux, des maris moderne et en révolte contre les mariages imposés traditionnels, pour les deux, des années de bonheur conjugale, pour les deux, des succès professionnels encouragés par des maris modernes, pour les deux.
Puis, patatras. Les belles mécaniques qui se déglinguent.
Mawdo Bâ d’abord. Le mari d’Aïssatou, qui sous les coups de boutoir de sa mère succombe aux "impératifs de la culture et choisi de prendre la seconde épouse imposée par la famille.

« (la mère de Mawdo Bâ)... Elle perdit tôt un mari cher, éleva courageusement son aîné Mawdo et deux autres filles, aujourd’hui mariées et… bien mariées. Elle vouait une affection de tigresse à son "seul homme", Mawdo Bâ, et quand elle jurait sur le nez, symbole de la vie, de son "seul homme", elle avait tout dit. »

A la vie dans la rage et l’aigreur qu’aurait été, pour elle, une vie polygamique, Aïssatou choisi la rupture, radicale, définitive. Elle est professeur des universités, avec ces seuls enfants pour bagage elle quitte la quiétude financière de son foyer pour une vie de bagarre ...







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