Platon-apologie de Socrate
APOLOGIE DE SOCRATE (Oeuvre de Platon au programme au Sénégal )
(Luc Besson, Édition corrigée et mise à jour en 2016 GF Flammarion)
En 399 avant Jésus Christ, à Athènes, Socrate comparut devant le Tribunal de la Cité.
C'est la première fois dans sa vie que Socrate, comme il le rappelle au début de l'Apologie comparaît devant un tribunal alors qu'il était âgé de 70 ans environ.Dans ce type de procès , il n' y avait pas de peine établie par la loi. C'est l'accusateur qui devrait proposer une peine à la fin de l'acte d'accusation. Et si le jury reconnaissait que l'accusé était coupable, une nouvelle étape du procès commençait. Et les deux parties pouvaient alors, soit chercher à justifier la peine proposée, soit la recuser en proposant une peine alternative.Ce n'est qu'après que les juges votaient une seconde fois pour choisir entre les deux propositions venant des deux parties.
Le procès que Platon prétend rapporter dans l'Apologie a bien cette structure.
Dans un premier discours (Apologie 17a-35d), Socrate présente sa défense face à l'accusation portée contre lui. Et dans un second discours (Apologie 36e-38b) ,Socrate propose une peine de substitution.
LES ACCUSATEURS
Au cours du procès relaté dans l'Apologie, Socrate cite à deux occasions les noms de ses accusateurs :MÈLÈTOS(qui déposa officiellement la plainte , appuyé par les deux autres accusateurs), ANYTOS (un homme politique qui s'était enrichi grace au tannage des peaux) et LYCON (on ne sait pas grand chose de lui).
LES CHEFS D'ACCUSATION
Au début de l'Apologie, Socrate déclare "Cela étant, Atheniens, il est juste que je me défende, d'abord contre les premières accusations mensongères qui ont été portées contre moi et contre mes premiers accusateurs et, ensuite, contre les accusations qui ont été récemment portées contre moi et contre mes accusateurs récents (Apologie, 18a )...
Les premières accusations dont parle Socrate ici sont celles portées bien avant par un certain Aristophane dans sa comédie, les Nuées et représentée pour la première fois en 423. Aristophone y tourne en ridicule Socrate qu'il présente comme un technicien du discours. Et aux yeux de Socrate, accusation ne pouvait être aussi calomnieuse que celle-ci.
PLAN DE L'OUVRAGE
L' oeuvre , écrite probablement entre 392 et 387 s'articule autour de trois (3) discours :
-Premier discours
(Sur la culpabilité de Socrate)
-Second discours.
(Sur l'établissement d'une peine)
-Troisième discours
(Conversation informelle)
PREMIER DISCOURS
(SUR LA CULPABILITÉ DE SOCRATE
17a-35c-d):
Socrate décide de se défendre d'abord contre les premières accusations "mensongères "et ses premiers accusateurs (Aristophane) et ensuite contre les accusations du moment qui ont été portées contre lui par ses accusateurs récents (Anytos, Mélétos, Lycon).
Contre les anciennes accusations, Socrate s'en défend naturellement et considère qu'aucun de ces griefs ne tient : il soutient qu'il n'est ni un "penseur de la nature "(19a-b),ni un sophiste (19d-20c)...
Et pour consolider sa défense, Socrate décide de revenir sur l'origine de ces calomnies portées contre à lui (20c-24b) et relative à sa décision de faire son enquête auprès de ceux qui étaient réputés comme étant des gens compétents , ce qui va lui valoir des inimitiés si nombreuses (ce qui a suscité maintes calomnies et de se voir attribuer ce nom de "savant " alors que tout ce qu'il prétendait, c'est de ne rien savoir)... Ce qui mène à la plainte de Mélétos, comme l'explique Socrate lui-même :"Et c'est en s'appuyant sur ces calomnies que Mélétos, de concert avec Anytos et Lycon ,m'est tombé dessus. Mélétos exprimant l'hostilité des poètes, Anytos celle des gens de métier, et Lycon celle des orateurs, c'est- à -dire celle des dirigeants politiques. "
Ensuite, contre les accusations du moment (portées par Anytos et ses amis) qui l'accusaient de corrompre la jeunesse et d'introduire de nouveaux dieux dans la cité, Socrate décide d'interroger Mélétos pour se défendre... Voici sa conclusion après l'interrogatoire :"...Atheniens, il n'est pas besoin d'une défense plus longue pour prouver que je ne suis pas coupable de ce dont m'accuse Mélétos dans sa plainte , ce que je viens de dire suffit "...
Et sur le mode de vie qu'il a choisi, Socrate préfère mourir que de cesser de philosopher. Et quant à supplier les juges en "versant des torrents de larmes " et en faisant monter à la tribune ses jeunes enfants rien que pour attirer "la pitié des juges ", Socrate reste ferme et déclare "je ne vais rien faire de cela, même si je risque ce qui, à vos yeux constitue le péril suprême "...
SECOND DISCOURS
(SUR L' ETABLISSEMENT D'UNE PEINE, 35e-38b)
Socrate est reconnu coupable par une courte majorité (35e-36b).Mais face à la peine de mort que propose Mélétos, Socrate pense et dit aux juges qu'il méritait plutôt un bon traitement du fait de nombreux services qu'il a pu rendre à son peuple :il mérite, dit-il, d'être "nourri dans le prytanée " ("Aucun traitement, Atheniens, ne sied mieux à un tel homme que d'etre nourri dans le prytanée. Oui, cela lui sierait bien mieux qu'à tel d'entre vous qui a été vainqueur à Olympie avec un cheval de course ou avec un char attelé de deux ou de quatre chevaux .Cet homme - là en effet, vous donne des satisfactions illusoires, alors que moi je vous rends réellement heureux. et tandis que lui (36e) n'a pas besoin d'être nourri, moi j'ai besoin de l'être. Si donc c'est conformément à la justice que doit être fixée l'amende méritée, voilà celle (37a) que je fixe :être nourri dans le prytanée.")
Socrate déclare ainsi ne mériter aucune peine pour n'avoir rien à se reprocher, ni l'emprisonnement, ni une amende, ni l'exil.Et Socrate de fixer d'abord une amende d'une mine (monnaie de l'époque) avant de porter sa proposition à trente (30) mines dont ses amis présents lors du procès garantissent le paiement...
TROISIEME DISCOURS
(OU PLUTÔT CONVERSATION INFORMELLE 38c-42a)
Dans le discours final, Socrate décide de s'adresser d'abord aux juges qui ont voté pour une condamnation à mort (38c-39d) et ensuite aux juges qui ont voté pour son acquitement (39e-42a).
Aux premiers , Socrate prédit un "châtiment beaucoup plus pénible " : une relève composée de jeunes gens qui seront plus agressifs que lui et qui les irreteront davantage (39c-d).
Et aux juges qui ont voté pour son acquitement , Socrate leur demande de rester avec lui un cours laps de temps afin d'interpréter à sa manière ce qui vient de se passer.Face aux représentations populaires de la mort de l'époque , Socrate considère que mourir n'est pas un mal... Il a vraiment confiance en la providence. Il prie les juges de s'occuper de ses fils :"Quand mes fils seront grands, punissez-les, citoyens, en les tourmentent comme je vous tourmentais , pour peu qu'ils vous paraissent se soucier d'argent ou de n'importe quoi d'autre que la vertu. Si vous faites cela, vous ferez preuve de justice(42a) envers moi comme envers mes fils ".
Socrate de conclure en ces termes : "Mais voici déjà l'heure de partir, moi pour mourir et vous pour vivre De min sort ou du vôtre lequel est le meilleur ? La réponse reste incertaine pour tout le monde, sauf pour la divinité "...
(Luc Besson, Édition corrigée et mise à jour en 2016 GF Flammarion)
En 399 avant Jésus Christ, à Athènes, Socrate comparut devant le Tribunal de la Cité.
C'est la première fois dans sa vie que Socrate, comme il le rappelle au début de l'Apologie comparaît devant un tribunal alors qu'il était âgé de 70 ans environ.Dans ce type de procès , il n' y avait pas de peine établie par la loi. C'est l'accusateur qui devrait proposer une peine à la fin de l'acte d'accusation. Et si le jury reconnaissait que l'accusé était coupable, une nouvelle étape du procès commençait. Et les deux parties pouvaient alors, soit chercher à justifier la peine proposée, soit la recuser en proposant une peine alternative.Ce n'est qu'après que les juges votaient une seconde fois pour choisir entre les deux propositions venant des deux parties.
Le procès que Platon prétend rapporter dans l'Apologie a bien cette structure.
Dans un premier discours (Apologie 17a-35d), Socrate présente sa défense face à l'accusation portée contre lui. Et dans un second discours (Apologie 36e-38b) ,Socrate propose une peine de substitution.
LES ACCUSATEURS
Au cours du procès relaté dans l'Apologie, Socrate cite à deux occasions les noms de ses accusateurs :MÈLÈTOS(qui déposa officiellement la plainte , appuyé par les deux autres accusateurs), ANYTOS (un homme politique qui s'était enrichi grace au tannage des peaux) et LYCON (on ne sait pas grand chose de lui).
LES CHEFS D'ACCUSATION
Au début de l'Apologie, Socrate déclare "Cela étant, Atheniens, il est juste que je me défende, d'abord contre les premières accusations mensongères qui ont été portées contre moi et contre mes premiers accusateurs et, ensuite, contre les accusations qui ont été récemment portées contre moi et contre mes accusateurs récents (Apologie, 18a )...
Les premières accusations dont parle Socrate ici sont celles portées bien avant par un certain Aristophane dans sa comédie, les Nuées et représentée pour la première fois en 423. Aristophone y tourne en ridicule Socrate qu'il présente comme un technicien du discours. Et aux yeux de Socrate, accusation ne pouvait être aussi calomnieuse que celle-ci.
PLAN DE L'OUVRAGE
L' oeuvre , écrite probablement entre 392 et 387 s'articule autour de trois (3) discours :
-Premier discours
(Sur la culpabilité de Socrate)
-Second discours.
(Sur l'établissement d'une peine)
-Troisième discours
(Conversation informelle)
PREMIER DISCOURS
(SUR LA CULPABILITÉ DE SOCRATE
17a-35c-d):
Socrate décide de se défendre d'abord contre les premières accusations "mensongères "et ses premiers accusateurs (Aristophane) et ensuite contre les accusations du moment qui ont été portées contre lui par ses accusateurs récents (Anytos, Mélétos, Lycon).
Contre les anciennes accusations, Socrate s'en défend naturellement et considère qu'aucun de ces griefs ne tient : il soutient qu'il n'est ni un "penseur de la nature "(19a-b),ni un sophiste (19d-20c)...
Et pour consolider sa défense, Socrate décide de revenir sur l'origine de ces calomnies portées contre à lui (20c-24b) et relative à sa décision de faire son enquête auprès de ceux qui étaient réputés comme étant des gens compétents , ce qui va lui valoir des inimitiés si nombreuses (ce qui a suscité maintes calomnies et de se voir attribuer ce nom de "savant " alors que tout ce qu'il prétendait, c'est de ne rien savoir)... Ce qui mène à la plainte de Mélétos, comme l'explique Socrate lui-même :"Et c'est en s'appuyant sur ces calomnies que Mélétos, de concert avec Anytos et Lycon ,m'est tombé dessus. Mélétos exprimant l'hostilité des poètes, Anytos celle des gens de métier, et Lycon celle des orateurs, c'est- à -dire celle des dirigeants politiques. "
Ensuite, contre les accusations du moment (portées par Anytos et ses amis) qui l'accusaient de corrompre la jeunesse et d'introduire de nouveaux dieux dans la cité, Socrate décide d'interroger Mélétos pour se défendre... Voici sa conclusion après l'interrogatoire :"...Atheniens, il n'est pas besoin d'une défense plus longue pour prouver que je ne suis pas coupable de ce dont m'accuse Mélétos dans sa plainte , ce que je viens de dire suffit "...
Et sur le mode de vie qu'il a choisi, Socrate préfère mourir que de cesser de philosopher. Et quant à supplier les juges en "versant des torrents de larmes " et en faisant monter à la tribune ses jeunes enfants rien que pour attirer "la pitié des juges ", Socrate reste ferme et déclare "je ne vais rien faire de cela, même si je risque ce qui, à vos yeux constitue le péril suprême "...
SECOND DISCOURS
(SUR L' ETABLISSEMENT D'UNE PEINE, 35e-38b)
Socrate est reconnu coupable par une courte majorité (35e-36b).Mais face à la peine de mort que propose Mélétos, Socrate pense et dit aux juges qu'il méritait plutôt un bon traitement du fait de nombreux services qu'il a pu rendre à son peuple :il mérite, dit-il, d'être "nourri dans le prytanée " ("Aucun traitement, Atheniens, ne sied mieux à un tel homme que d'etre nourri dans le prytanée. Oui, cela lui sierait bien mieux qu'à tel d'entre vous qui a été vainqueur à Olympie avec un cheval de course ou avec un char attelé de deux ou de quatre chevaux .Cet homme - là en effet, vous donne des satisfactions illusoires, alors que moi je vous rends réellement heureux. et tandis que lui (36e) n'a pas besoin d'être nourri, moi j'ai besoin de l'être. Si donc c'est conformément à la justice que doit être fixée l'amende méritée, voilà celle (37a) que je fixe :être nourri dans le prytanée.")
Socrate déclare ainsi ne mériter aucune peine pour n'avoir rien à se reprocher, ni l'emprisonnement, ni une amende, ni l'exil.Et Socrate de fixer d'abord une amende d'une mine (monnaie de l'époque) avant de porter sa proposition à trente (30) mines dont ses amis présents lors du procès garantissent le paiement...
TROISIEME DISCOURS
(OU PLUTÔT CONVERSATION INFORMELLE 38c-42a)
Dans le discours final, Socrate décide de s'adresser d'abord aux juges qui ont voté pour une condamnation à mort (38c-39d) et ensuite aux juges qui ont voté pour son acquitement (39e-42a).
Aux premiers , Socrate prédit un "châtiment beaucoup plus pénible " : une relève composée de jeunes gens qui seront plus agressifs que lui et qui les irreteront davantage (39c-d).
Et aux juges qui ont voté pour son acquitement , Socrate leur demande de rester avec lui un cours laps de temps afin d'interpréter à sa manière ce qui vient de se passer.Face aux représentations populaires de la mort de l'époque , Socrate considère que mourir n'est pas un mal... Il a vraiment confiance en la providence. Il prie les juges de s'occuper de ses fils :"Quand mes fils seront grands, punissez-les, citoyens, en les tourmentent comme je vous tourmentais , pour peu qu'ils vous paraissent se soucier d'argent ou de n'importe quoi d'autre que la vertu. Si vous faites cela, vous ferez preuve de justice(42a) envers moi comme envers mes fils ".
Socrate de conclure en ces termes : "Mais voici déjà l'heure de partir, moi pour mourir et vous pour vivre De min sort ou du vôtre lequel est le meilleur ? La réponse reste incertaine pour tout le monde, sauf pour la divinité "...
Aucun commentaire