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L’an versification française en quelques lignes


LA VERSIFICATION


La versification est l’ensemble des règles techniques qui régissent la composition des poèmes en vers régulier. Mais à partir du 19e siècle, certaines de ces règles ne seront plus respectées par les poètes.
Le vers est l’unité de base du texte poétique. Il a trois caractéristiques fondamentales :
le nombre de syllabe ou la mesure
une répétition d’un ou de plusieurs sons à la fin de deux ou de plusieurs vers: la rime
des pauses, des accents ou une certaine sonorité : le rythme

I - LA MESURE DES VERS

1 - Le compte des syllabes
Toutes les syllabes d’un mot comptent. Le « e » muet ne compte pas devant une voyelle, devant un « h » muet, à la fin du vers (élision)
Ex : De/main/ dés/ l’au/be, à/ l’heu/re où/ blan/chit/ la/ cam/pagne.  (Victor Hugo)
2 - Le Hiatus
C’est la rencontre d’une voyelle finale avec une voyelle ou un « h » initiale. Dans la poésie classique, le hiatus est banni.
Ex : La voix grave de contralto est le chant spirituel de l’aimée.  (L. S. Senghor)
Dans ce vers, la voix basse est suggérée par le choc des deux voyelles « o » et « e »
3 - Diérèse et Synérèse
La diérèse est la dissociation dans deux éléments d’une diphtongue pour former deux syllabes
Ex :      Les sanglots longs
             Des violons
             De l’automne
             Blessent mon cœur
             D’une langueur
             Monotone .      
     
 Mon paletot aussi devenait idéal. Verlaine
La diérèse de violon semble prolonger l’écho de la musique.

La synérèse est l’association de deux éléments d’une diphtongue.
Ex : Car si ce n’est qu’un poète, au moins il le veut être
La synérèse possède souvent des valeurs péjoratives ou dépréciatives. Ici la synérèse suggère le mépris dans lequel est tenu le poète.
4 - Les principaux types de vers
Dans la poésie française on peut trouver des vers de 1 à 12 syllabes
12 syllabes = alexandrin ; 11 syllabes = Verlaine ; 10 syllabes = décasyllabe ; 09 syllabes = endécasyllabe ;  08 syllabes = octosyllabe ;  07 syllabes = heptasyllabe ; 06 syllabes =hexasyllabe ;  05 syllabes = pentasyllabe ;  04 syllabes =tétrasyllabe ;03 syllabes = trisyllabe ;  02 syllabes = dissyllabe ;  01 syllabe = monosyllabe

II - LA RIME

C’est le retour à la fin de deux ou plusieurs vers d’un même son vocalique. Elle se définit par sa nature, sa disposition et sa qualité.
1 - La nature ou le genre
On dit qu’une rime est féminine quand elle se termine par un « e » muet. La rime est masculine quand elle ne se termine pas par un  « e ».
Ex:    Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne
         Je partirai. Vois-tu je sais que tu m’attends.
         J’irai par la forêt, j’irai par la montagne                  
        Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps
Dans ce quatrain nous avons une alternance entre les rimes féminines et les rimes masculines.
2 - La disposition des rimes
Les rimes peuvent être disposées de différentes façons.
a-a-b-b = Suivies-plates-jumelées.
a-b-a-b = Croisées ou alternées.
a-b-b-a = Embrassées.
Exemple :       Et je m’en vais
                        Au vent mauvais
                        Qui m’emporte
                        Deçà, delà
                        Pareil à la
                        Feuille morte      (Verlaine)
Dans les vers de Verlaine, les rimes suivies suivent la marche continue du poète poussé par le souffle du vent. Par contre les rimes embrassées traduisent l’agitation des pensées qui tourbillonnent dans l’esprit du poète.
Rime redoublée : C’est  lorsqu’une rime est répétée plus de deux fois.
Ex :        Il pleure dans mon cœur
               Comme il pleut dans la ville
             Quelle est cette langueur
                                    Qui pénètre mon cœur      (Verlaine)
Monorime : C’est en fait des jeux poétiques
Ex :        Un pauvre clerc du parlement
               Arraché du lit brusquement
               Comme il dormait profondément
               Gagne l’étude tristement             (Colin)
3 - La qualité des rimes
La qualité de la rime dépend du nombre de syllabe qui la constitue.
S’il ya un seul son on dit que la rime est pauvre
Deux sons elle est suffisante
Plus de deux elle est riche
Ex :       Les sanglots longs
             Des violons
             De l’automne
             Blessent mon cœur
             D’une langueur
             Monotone
4 - La strophe
Une strophe est un ensemble formé par plusieurs vers avec une disposition déterminée de mètre et de rime qui assurent sa cohésion.
Une strophe de :
12 vers = douzain ; 11 vers = onzain ; 10 vers = dizain ; 09 vers = neuvain ; 08 vers = huitain ; 07 vers = septain ; 06 vers = sizain ; 05 vers = quintile ;  04 vers = quatrain ; 03 vers = tercet ;
02 vers = distique ;  01 vers = mono stique

III - LE RYTHME

1 - Les accents
Le rythme du vers dépend des syllabes accentuées. Dans un alexandrin il ya en général des accents fixes et des accents mobiles. Les accents fixes qui se déplacent sur la 6eme et la 12eme syllabe sont appelés accents toniques /rythmique. La place des accents mobiles sont variables.
Ex :     Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne
            Je partirai.
2 - La césure ou coupe
A l’intérieur d’un vers il ya plusieurs pauses appelé coupes. Les coupes dépendent des syllabes accentuées mais principalement de la ponctuation.
L’alexandrin classique est divisé en deux parties égales (hémistiches) par une coupe appelée césure.
Ex : J’irai par la forêt, / j’irai par la montagne
Le rythme d’un alexandrin classique est binaire.
Chez les poètes romantiques, l’alexandrin est parfois divisé en trois parties égales par deux coupes ou en quatre parties par trois coupes. Nous avons en ce moment un trimètre avec un rythme ternaire et un tétramètre.
Ex : Pluie ou bourrasque//il faut qu’il sorte//il faut qu’il aille.                      Je marcherai/ les yeux fixés /sur mes pensées
 Seul, /inconnu, /le dos courbés, / les mains croisées
NB : Dans les trimètres et les tétramètres, les accents se situent au niveau des coupes.
Le décasyllabe a sa coupe après la 4eme syllabe.
L’octosyllabe après la 3e ou 4e syllabe.
3 – Rejet, Contre rejet, Enjambement
Il ya rejet quand le sens d’un vers se trouve complète dans le vers suivant. Le rejet permet de mettre l’accent sur ce qu’il exprime.
Ex :       Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne
             Je partirai.
Il ya contre rejet quand un élément de la phrase se trouve à la fin du vers précédent.
Ex :    ……………………………………………..j’ordonne           Que pour l’amour de moi, vous n’aimez que le beau    (Baudelaire)
Il ya enjambement lorsqu’un vers déborde entièrement sur le vers suivant.
Ex :       Longtemps !toujours !ma main dans ta crinière lourde
             Sèmera le rubis, la perle et le saphir.                   (Baudelaire)
D - Les procédés phonétiques
La rime n’est pas le seul élément de musicalité du poème. Il existe d’autres procédés phonétiques qui à l’intérieur du vers ou entre les vers joue pleinement ce rôle.
1 - L’allitération
C’est la répétition d’une même consonne à l’intérieur des vers.
Ex :   Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?   (Racine)
          Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle     V.H
L’allitération de la sifflante « s » reproduit le sifflement du serpent.
Le souffle léger du vent qui exhale des senteurs végétales est rendu par l’allitération de la consonne « f ».
2 - L’assonance
C’est la répétition d’une même voyelle à l’intérieur d’un vers.
Ex :     Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire.   (Racine)
            Pour soulever un poids si lourd.   (Baudelaire)
Dans le premier vers, la douleur obsessionnelle qui atteint Phèdre est martelée par l’assonance de la voyelle « i ».
Dans le deuxième vers l’assonance en « ou » contribue à accentuer la lourdeur du fardeau.
3 - L’homéotéleute
Ce procédé désigne la succession de mots terminant par les mêmes sons.
Ex :      Se rentrant, grattant et frottant
             Gambadant, chantant et broutant    (la Fontaine)
L’homéotéleute exprime ici l’agitation persistante de l’animal à travers ses gestes continuellement répéter.
 4 - La paronomase
Elle consiste à rapprocher des paronymes. Ce procédé contribue à rehausser la musique du vers.
Ex :       Eaux des grands fleuves et de la mer plus vaste
              Et de la mer plus faste.     (Senghor)
5 - L’harmonie imitative ou suggestive
C’est un procédé qui consiste à employer des mots de manière à reproduire une imitation des bruits évoqués par le vers. C’est comme le dit Verlaine «L’alliance entre les sons et les sens ».
Ex : Eaux coulez coulez allez allez à la mer.    (Senghor)
Dans ce vers Senghorien, la répétition des verbes, l’absence de ponctuation et la succession des consonnes liquides suggère expressivement l’écoulement interrompu des eaux.
6 - L’anaphore
C’est la répétition d’un mot ou d’un groupe de mot au début de plusieurs vers pour obtenir un effet de renforcement ou de symétrie.
Ex :        Afrique mon Afrique
               Afrique de fières guerrières dans la savane ancestrale
               Afrique que chante ma grande mère…   (David Diop)
7 - La concaténation
Elle consiste à prendre un mot ou une expression du vers premier, du deuxième du vers pour commencer le troisième ainsi de suite.
Ex :       Le sang de ta sueur
              La sueur de ton travail
              Le travail de l’esclavage
              L’esclavage de tes enfants      (David Diop)
Cette figure produit une expression d’enchainement continue traduit la longue et continuelle servitude du nègre jalonné par les souffrances et les corvées incessantes des noirs.

IV - LES POEMES A FORMES FIXES

1 -  Le sonnet
C’est un poème de 14 vers composé de 2 quatrains et de 2
tercets. Dans un sonnet régulier, les rimes des 2 quatrains qui sont les mêmes sont embrassées et celles des tercets sont suivie et croisée. En général le dernier vers d’un sonnet dégage la signification du poème on l’appelle une chute.
2 - Le pantoum
C’est un poème composé de 4quatrains à rime croisée ou embrassée dans  lesquelles le 2e et le 4e vers sont repris par le 1er et le 3e vers de la strophe dite.
Ex : Harmonie du soir de Baudelaire p.251.
3 - Le rondeau
C’est un poème de 15vers sur des rimes avec un refrain de rime différente qui se trouve au 9e et au 15e vers.
Ex : Dedans Paris de Clément Marot
4 - Le triolet
C’est un poème de 8vers dont le 1er vers, le 4e et le 7e sont semblables et dont le 2e vers se trouve au 8e.
Ex : Les prunes d’Alphonse Daudet
5 - La ballade
Elle est composée de 3 strophes dont le nombre de vers dépend du nombre de syllabes de chaque vers. Le dernier vers de chaque strophe est connu : C’est le refrain.

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